Par Amour ou par Appat du Gain ?

Lowena était dans sa loge. La loge numéro 3 pour être précise. Celle qui semblait la plus resplendissante, la moins ... calamiteuse à vrai dire. Un lit des plus confortables était au fond, encadré par des rideaux, fermés à l'heure actuelle.

La jeune femme aux cheveux blonds lisait, dans une tenue un peu plus couverte que d'habitude. Se tenant droite sur son séant, la danseuse parcourait un ouvrage intitulé " Rex Lex Lex Rex " écrit en 1679 par un certain Bossuet. En effet, la culture français passionnait Lowena autant que les mythes et légendes de son pays. Passant ses doigts fins sur les pages jaunies par le temps, elle croisa les jambes. Sept heures de l'après midi sonnèrent. Dans quelques minutes, les premiers clients arriveraient, les moins riches d'abord. Les plus aisés ensuite, délaissant leurs épouses après le souper. Observer un homme sur le point de tromper sa femme était un moment fugace dont Lowena se délectait à chaque fois. Fermant le livre d'un geste brusque, elle alluma nerveusement une cigarette et se leva, lentement. Chaque bouffée de cette addiction l'a rendant plus sereine ...

Son manteau noir était transparent, et laissait apparaître son corps aux courbes alléchantes et déja bien développées. Oui, à vingt-trois ans, la jeune danseuse pouvait se vanter d'avoir un corps "parfait". Chaque partie de celui ci était bien proportionné, sa peau pâle semblait sans aucune imperfection ... Ce soir-là, la jeune femme avait revêtit un bustier noir, qui contrastait avec sa peau si pâle et ses yeux si clairs. En bas, malheureusement, il ne lui restait qu'une jupe très longue, moulante, mais des plus fendues. Elle aimait cettte tenue, si vieille à ses yeux. D'un geste las, elle mit en marche sa merveille de technologie offerte par un vieux richard. Une musique envahit la pièce, et son corps se mouva au rythme des notes, des soupirs et des silences. Chaque son imprégnait son être, de part en part. Mettant au loin les problèmes du jour, oubliant le statut dégradant de la jeune fille. Ces rares moments lui conféraient un peu de jeunesse que le temps lui avait escompté. Cette jeunesse volée, ces instants qu'on aimerait qualifer d'inoubliable et qui pourtant dans son coeur résonnent comme le chaos ... Lorsque la musique s'arrêta, Lowena éteignit la machine. Elle passa une main sur son ventre, tira encore un peu sur la cigarette et passa une main dans ses cheveux légèrement bouclés lorsqu'elle entendit quelqu'un frapper à la porte, arborant un sourire léger, elle dit :

Entrez !

Une soirée quelques peu arrosée. Des jeux insignifiants... des jeux d'argent. Une soirée qu'Alastar avait passé avec quelques amis, ou plutôt quelques connaissances du Ministère. Attablés autour d'un bon Whisky pur Feu et de cartes ensorcelées, les quatre hommes n'avaient pas vu le temps passer ni ne s'étaient rendu compte de la quantité d'alcool absorbée. Trois ? Quatre ? Cinq verres ? Alastar n'en savait rien et n'en avait cure. Cependant quelque fut la quantité de Whisky ingurgitée, il gardait tout de même un brin de lucidité.

Quittanta la tablée, il se revêtit et se dirigea vers la porte de sortie et une fois dehors, le froid saisissant de fin de soirée lui fit reprendre ss esprits. il consulta l'heure car pendant la soirée il semblait qu'il avait perdu toute notion du temps. Il était encore relativement tôt. Encore sous l'emprise des spiritueux, mais l'esprit assez clair pour prendre ne pas faire de choses insensées, il décida qu'il irait faire un tour au cabaret. Nul doute qu'à cette heure de la nuit, les client les plus modestes seraient déja partis, satisfait de leur soirée et se préparant à une nouvelle journée de dur labeur. Il esquissa un sourire en coin à cette pensée... non.. ce n'était pas du mépris qu'il éprouvait pour ces gens, en tout cas, ceux que lui et les autres sorciers de son milieu ont pour habitude d'appeller les "honnêtes pauvres" c'est à dire ceux qui devaient tous les jours ramer un peu plus que les autres pour gagner leur pain. Lui même partait travailler tous les jours. Bien sûr, ce n'était pas le même emploi, il n'éxerçait pas de métier manuel ou agricole mais tout de même, il n'était pas de ceux qui vivaient de leur rentes bien que les ressources de sa famille l'auraient permis.

Ne sachant plus exactement comment il en était venu à penser à ces gens là, lui qui d'ordinaire ne se préoccupait pas tellement de ce genre de questions... il se souvint qu'il avait décidé d'aller au cabaret rendre visite aux danseuses... cette pensée étira de nouveau les lèvres du noble sorcier. Son épouse attendait chez eux, dans leur somptueuse villa, espérant qu'il fut de retour avant l'aube, mais cette nuit là, Alastar avait envie de s'amuser ...

L'homme marchait en direction de cet endroit où se débauchaient les aristocrates en la compagnie de femmes aux moeurs légères, prit une rue retirée qui menait plus rapidement à l'endroit convoité mais qu'il ne faisait pas bon emprunter tard le soir car le passage regorgeait de sorciers pas forcément fréquentables, la plupart du temps des impurs imbibés d'alcool qui quémandaient... peu importait, ces endroits, il les connaissait, il connaissait la ville aussi bien que sa villa et ne craignait pas grand chose.. sauf peut-être un attentat et encore... ce n'était pas lui qui en était la cible principale...

Lorsqu'il arriva enfin au cabaret, poussant la porte de cet endroit de débauche, il vit que bon nombre de danseuses étaient sur la scène, emportées par le rythme sensuel de la musique... l'atmosphère était chaleureuse, des lumières tamisées éclairaient la scène et l'on voyait ces superbes jeunes femmes telles des ombres qui se reflètent sur un drap blanc, des ombres chinoises, ce qui rendait le spectacle encore plus sensuel et ennivrant..

Après avoir profité quelques instants du spectacle, il décida d'aller faire un tour du côté des loges..peut-être que l'une d'entre elles était libre ?
Faisant fi des indications montrant si les loges étaient ou non occupées, il frappa à tout hasard à la porte de la loge n°3 et lorsqu'il entendit un discret "entrez", ouvrit la porte délicatement... et se mit dans l'encadrure de la porte, attendant la réaction de la jeune femme ...

La jeune femme avait été surprise que l'on toque à la porte. En effet, la plupart du temps, les gens arrivaient ici, les mains dans les poches, même pour les plus riches d'entre eux. Et encore d'autres fois, le dirigeant du Cabaret frappait certes, mais n'attenndait pas une quelconque invitation pour passer l'embrassure de l'entrée. L'inconnu devait être alors bien poli, ou tout du moins respectueux de la plus précieuse des danseuses de ce cabaret.

Lowena n'aimait pas caractériser ce qui allait de pair avec ses activités, car à ses yeux n'existait que la danse. A cette heure-ci, ce devait être le numéro d'acrobatie des jumelles Mcdowell. Peut-être les moins artistiques, mais sûrement les plus sensuelles et les plus dévouées pour leur statut que les femmes du Beau Monde désignent comme " de débauche". La dernière des Loveless ne pensait pas avoir de la visite si rapidement dans la soirée. A croire que le show de ce soir avait moins plu que ceux d'auparavant. Peut-être étais-ce un habitué ? Peut-être ce soir n'aurait-elle pas à coucher ? Sur ce dernier point, la jeune femme s'illusionait souvent. En effet, une seule fois où la danseuse avait fait parler ses talents de confidentes et non pas d'amante. Ce même soir, ce prétendu " homme désespéré " l'avait malmené. Et à dix-neuf ans tout juste, Lowena perdait son enfant.

Reprenant ses esprits, la perle du Cabaret s'avança vers la porte, et l'ouvrit , gardant une main sur le loquet. Son regard se plongea dans celui du visiteur. Un regard intense, dans lequel elle se perdit, se noya littéralement. N'ayant pas l'habitude de dévisager de la sorte les clients, Lowena se sentit incroyablement gênée. Jamais la jeune fille ne crut voir des yeux si fascinants. Ce n'était pas la couleur qui avait hypnotisé la danseuse, mais l'expression. Sentant une légère brûlure au niveau de sa main gauche, la fille de joie se rendit compte qu'elle n'avait pas éteinte sa cigarette. Tirant dessus rapidement une dernière bouffée, elle détacha son regard à contre coeur de celui de l'homme à fière allure et l'invita à entrer tandis qu'elle s'occupait de se débarasser du reste de cette "drogue". Se tenant droite, elle esquissa un sourire à l'homme et lui montra un fauteil tout en prenant sa veste et la disposant au porte manteau. L'odeur de ce vêtement enivra Lowena qui se sentit bien loin du sol pendant quelques instants. Après avoir rangé correctement les effets personnels de l'aristocrate, la danseuse s'assit en face de ce dernier et lui dit d'une voix posée.

Bien le Bonsoir Messire.
Je ne pensais pas avoir de la visite si tôt dans la soirée, n'avez vous point trouvé d'artistes convenables dans la salle ?

La jeune femme passa une main dans ses cheveux couleur d'or. Ses doigts se perdirent dans les boucles naissantes de la danseuse, tandis que son regard azur se posait sur son interlocuteur.

Alastar était venu terminer sa soirée au Cabaret... il avait passé son temps ce soir à jouer aux cartes version sorcier, à boire sans se préoccuper du reste, pour une fois. Quelques verres plus tard, la partie se terminait mais pour l'aristocrate, il n'en serait pas ainsi. C'est donc comme ça qu'il se retrouva quelques moments plus tard dans ce lieu de débauche. L'heure tardive laissait présager que ce ne seraient que les hôtes les plus illustres qui fréquenteraient les lieux..

Après avoir salué la propriétaire des lieux et demandé des nouvelles de ses jeunes recrues, il eut vent des talents d'une jeune femme, réputée comme la perle de l'endroit. Selon la gérante de l'établissement, elle ne se mêlait que rarement aux spectacles avant une certaines heure, mais apparement, ce soir était son jour de chance, la jeune femme en question restait dans sa loge... Il décida donc d'aller voir de quoi était capable cette si précieuse danseuse..

Après avoir apprécié quelques instants le spectacle qui s'offrait aux yeux de tous dans la salle principale, le noble sorcier emprunta de longues galleries, celles qui menaient aux différentes loges.. et enfin il trouva la n°3. Entré dans la loge, une pièce peu spacieuse, aménagée comme une chambre, avec lit, une coiffeuse et un canapé, la lumière tamisée rendait l'ambiance sensuelle par elle même, propice à des activités nocturnes de Cabaret. De plus, la jeune femme qui apparut devant ses yeux était d'une grande beauté. Son visage n'était pas très éclairé mais deux yeux profonds l'ornaient, un regard qu'il apperçu..; de braise... ses vêtements ? Une simple robe de chambre en soie blanche, dévoilant, toutefois avec une part de mystère, les contours de la silhouette fine de la jeune femme. De somptueuses jambes, galbées bien dessinées se devienaient..Ses formes étaient généreuses et parfaitement en valeur.. de quoi rendre fou tout homme normalement constitué.

La jeune femme le salua alors, puis demanda éttonnée ce qu'il faisait ici à une heure pareille... et si le spectacle de la pièce principale ne lui convenait pas. Esquissant un sourire, il répondit :

-Le spectacle est charmant, mais l'on m'a dit grand bien de toi, et je voulais constater par moi même..

Serait-elle aussi merveilleuse que le disait la femme rondouillarde et faussement mielleuse à qui appartenait ce Cabaret ? Les mouvements sensuels de la fameuse Lowena parviendraient-ils à enniver, envoûter Alastar ?